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Archives 1997-1998

Titre des projets et extraits

  • La schizophrénie à Genève (extrait):Graziella De Blasi, Mathieu Rougemont, Thomas Szeless
  • Suicide et tentative de suicide (extrait):Carine Buholzer, Gilles Eperon, Thierry Rausch, Shalini Sanghvi
  • Abus et dépendance aux médicaments:Anne Mugglin, Katia Bravin, Sofia Bourquin
  • Santé et clandestinité (extrait):Avigael Benhamou, Giacomo Gastaldi, Ali Modarressi, Patrick Wilson
  • Accidents vasculaires cérébraux:Romina Capoccia, Sylvain De Lucia, Marc-Olivier Sauvain
  • L'enfant et le cancer (extrait): Stéphanie Gaillard, Céline Perroud, Catherine Saunders, Marc Girardin
  • Prise en charge des personnes atteintes de trisomie 21 à Genève (extrait): Cristina Rodriguez, Mirco Ceppi, Nicolas Perrin
  • Facteurs influencant le choix d'une thérapie contre le cancer (médecines conventionnelles et/ou alternatives) (extrait):Thamar Hasler, Oliver Karam, Raffaele Renella
  • L'enfant le sida (extrait): Uyen Nguyen, Gillian Rajap, Caroline Samer, Till Saxer
  • L'asthme à Genève: Sophie De Seigneux, John-John Hamel
  • La violence conjugale (extrait): Jérôme Goncerut, Anouk Osiek, Stéphanie Schick, Flavien Seuret

Schizophrénie

Les Sans-Voix
Si dans le milieu psychiatrique on s'accorde que les antipsychotiques sont incontournables, il n'en n'est pas de même parmi la population. La création du mouvement Les Sans-Voix le prouve. Fondé en 1988 par et pour des personnes ayant eu elles-mêmes à faire avec la psychiatrie, ce mouvement milite (entre autre) pour :
- les droits des patients psychiatriques et de leur famille
- sensibiliser la population et le milieu médical aux dangers des neuroleptiques
- lutter contre les traitements forcés en psychiatrie
- promouvoir les thérapies alternatives et la médecine non-conventionnelle
Ses membres considèrent les traitements actuels en psychiatrie comme très dangereux et estiment qu'ils pourreint être remplacés par d'autres mesure thérapeutiques tels qu'un meilleur soutien psychologique et affectif; l'homéopathie, la phytothérapie ou la médecine orthomoléculaire.
Nous trouvons, quant à nous, l'existence de ce groupe à la fois bénéfique et dangereuse. D'un côté, ce groupe sert à remettre en question le système psychiatrique et à l'empêcher de se fossiliser. Il défend en outre la dignité des patients qui, au cours de l'histoire, a été bien malmenée. D'un autre côté, les progrès et les efforts qui ont été faits dans le domaine de la psychiatrie ne semblent pas être pris en compte; les médecins ont appris à considérer les patients comme des interlocuteurs à part entière, les traitements se sont améliorés et la façon d'appréhender les maladies mentales a évolué. Ceci ne peut être nié et certains préjugés devraient être revus. Il serait regrettable, par exemple, que des maladies aient des idées erronées sur les effets de certains médicaments et les refusent alors qu'ils pourraient leur être bénéfiques.

[ Titre des projets 1997-1998 ]

Suicides

Failles du système
Après avoir visité un bon nombre d'organisations et consulté diverses personnes impliquées dans le problème du suicide, nous avons constaté que le canton de Genève est garni d'un bon effectif de santé. Ainsi, la prévention secondaire et la prise en charge (prévention tertiaire) sont bien menées, mais cela ne fait pas significativement régresser l'incidence alarmante du suicide. C'est pourquoi, il nous a semblé important d'insister sur une meilleure formation des médecins et sur l'information au public des différentes structures spécialisées existantes. Un autre point crucial est à améliorer et implique un problème socio-politique (prévention primaire). Nous proposons par exemple un meilleur encadrement des personnes âgées ou une meilleure prise en charge des problèmes sociaux tels que le chômage ou la pauvreté.

[ Titre des projets 1997-1998 ]

Santé et clandestinité

Comment s'occuper au mieux de la clandestinité ?
On pourrait également envisager de diminuer les frais de ésant imputables aux clandestins. Sachant que l'aggravation de certaines pathologies pourrait être prévenue par un suivi médical minimum, la création d'un service de consultations thérapeutiques et préventives, gratuites ou à bas prix, pour les clandestins démunis est à envisager. Il y a deux points faibles à cette proposition : les autorités politiques pourraient craindre qu'une telle initiative n'encourage l'immigration clandestine vers le canton de Genève; en outre, les clandestins pourraient ne profiter de ce service officiel, de peur d'être dénoncés.
Et si l'on éradiquait tout simplement la clandestinité ?
Une proposition à visée humanitaire a été soumise l'année dernière au parlement : refusée. Il s'agissait d'une motion visant à régulariser la totalité des clandestins présents en Suisse dans le cadre de l'anniversaire des 150 ans de l'Etat fédéral et les 50 ans de l'ONU. On peut rêver.

[ Titre des projets 1997-1998 ]

Enfant et cancer

Cette étude nous a permis de nous rendre compte de l'importance de multiples aspects de la prise en charge et du traitement de l'enfant atteint d'un cancer. En plus du traitement médical, la réintégration sociale de l'enfant, son suivi pédagogique et la qualité de vie doivent être pris en compte.
Nous avons surtout réalisé combien il était important de considérer l'enfant malade avant tout comme un enfant et lui donner la chance de vivre en tant que tel. Le dévouement des personnes impliquées nous a d'ailleurs beaucoup impressionnés. Nous ne parlons pas ici uniquement du personnel soignant, mais également des enseignantes, assistantes sociales et responsables des clowns et des bricolages.
Par contre, nous avons été surpris par l'absence de structures donnant une possibilité d'échanges et de discussions entre les parents d'enfants malades, alors que nous pensions que c'était un des buts principaux de l'ARFEC. Nous avons aussi constaté qu'il manquait, à la pédiatrie, une salle de classe et une garderie pour les frères et sœurs, structures qui existaient autrefois.
Cette recherche nous a tous pris à cœur et passionnés. Elle nous a permis de dlcouvrir de nombreux aspects médico-sociaux dont nous ignorions l'ampleur et a augmenté notre intérêt pour la pédiatrie. Ce fut une immersion sans naufrage!

[ Titre des projets 1997-1998 ]

Trisomie

C'est un deuxième enfant, une grossesse sans accroc, un triple test normal. Ils sont jeunes tous les deux, la mère n'est donc pas à risque.
Les échographies se succèdent, rien d'anormal. Ou alors, et c'est là que le doute s'insinue, la gynécologue n'a-t-elle rien dit. Cela paraît invraisemblable, mais comment ne pas y penser ?
Et puis les contractions se font plus proches et c'est le départ en urgence dans une maternité. C'est un samedi soir. L'accouchement se passe sans problèmes, l'enfant né est beau, peut-être ses oreilles sont-elles différentes de celles des autres membres de la famille, mais qu'importe! Il est tard, le père s'en va, la mère s'endort. Ils sont heureux.
Le dimanche matin, après avoir répondu au téélphone, ce ne sont pas les cris de joie d'un quelconque membre de la famille que le père entend, mais ce sont les pleurs de sa femme. On est venu la chercher, leur petite fille est anormale, on lui a dit : "trisomique". A elle, à elle seule! A elle seule échoit le devoir de porter le poids de cette sentence. Sans doutes déjà les questions surviennent-elles, mais personne pour répondre, nous sommes dimanche.
Se lever, se diriger vers le téléphone du couloir et appeler son mari.
Ils sont deux maintenant. Encore plus de questions. Le silence durant l'accouchement, les mimiques du personnel. Maintenant ils comprennent.
Ma fille marchera-t-elle ? Ma fille parlera-t-elle ?
Pour répondre : tout le monde. Mais tout le monde pressé, tout le monde occupé, tout le monde trop jeune, tout le monde peu informé surtout.
Ils sont tous aimables, mais aucun n'est formé, personne ne prend le temps de répondre. Ils s'en remettent toujours à l'autre. "Les généticiens vous expliqueront mieux"… Comme si chacun disait : "moi, ce n'est pas mon domaine".
Comme si les parents en tant qu'êtres humains sous le choc et pleins de questions étaient restés sur le quai et que le train (train-train ?) de la maternité s'était remis en marche.
Ils sont deux à présent. Deux dans cette chambre de mères comblées. Il devra encore se battre pour qu'elle puisse se retrouver au calme, dans une chambre plus petite.
Pendant un mois, la gynécologue (pourtant avertie par la ématernit) n'a pas donné signe de vie. C'est la mère qui, finalement, a repris contact. Elle a changé de gynécologue.

[ Titre des projets 1997-1998 ]

Médecines alternatives dans le traitement contre le cancer

Au terme de ce mois passé à rechercher quels sont les critères qui permettent au patient de choisir parmi toutes les thérapies contre le cancer qui lui sont proposées, nous nous sommes aperçus que même si des explications concernant ces différentes thérapies sont disponibles, il est bien souvent difficile d'y avoir accès. En effet, très peu d'articles sont publiés sur l'efficacité des thérapies non conventionnelles, ou alors ces informations se trouvent dans des livres écrits par les promoteurs de ces thérapies, ce qui ne rend ces données pas forcément très fiables.
Nous avons été confrontés à la multiplicité des loirs qui régissent ces thérapies, et nous avons été surpris par le manque de pouvoir des autorités pour faire respecter ces mêmes lois. Ainsi, plus de la moitié des homéopathies à Genève ne possèdent pas de diplôme de médecin, et tombent donc sous le coups de la pratique illégale de la médecine, à partir du moment où ils posent un diagnostic. Mais le procureur ne poursuit que trois de ces thérapeutes par année. Nous estimons que le public peut croire qu'un thérapeute a des connaissances médicales suffisantes, alors qu'il n'a parfois une formation qui n'a strictement aucun rapport avec la médecine ou le corps humain.
Les assurances nous ont aussi surpris. Nous ne pouvons que nous étonner que ce soit une commission spéciale qui s'occupe de décider du remboursement des médicaments non conventionnels, laquelle commission n'est composée que de thérapeutes non conventionnels. Alors qu'un médicament ordinaire doit faire la preuve de son efficacité avant de pouvoir prétendre être remboursé, de plus en plus de thérapies alternatives sont remboursées par les assurances, en attendant que leur efficacité soit prouvée. Il y a une inégalité manifeste, qui peut tromper le patient. En effet, l'aspect économique et la légitimité que donne le remboursement vont grandement influencer le patient dans son choix.
Notre démarche nous aura permis de nous rendre compte de la complexité du problème,, de l'importance qu'il faut accorder à la vision qu'a le patient de sa maladie, et du fait que certaines médecines alternatives peuvent améliorer la qualité de vie du patient, à défaut de prolonger leur existence.
Ces thérapies non conventionnelles permettent au patient de "mourir heureux", ce qui est, à notre avis, très important.

[ Titre des projets 1997-1998 ]

Enfant et Sida

La situation en Suise n'est pas alarmante. A Genève, par exemple, la mère séropositive a accès à un traitement qui a fait ses preuves, comme entémoignent les chiffres récents sur le taux de transmission verticale après prophylaxie à l'AZT au cours de la grossesse. Il existe également un réseau d'intervenants sociaux bien organisé, regroupés en plusieurs associations prêtes à soutenir les familles en difficulté.
Néanmoins, il existe des manques flagrants dans le système de prise en charge genevois, notamment en ce qui concerne le suivi. Il semble important d'instaurer un suivi systématique, notamment psychologique, de tous les enfants concernés par le SIDA, c'est-à-dire non seulement les enfants infectés, mais aussi ceux qui seraient affectés de près ou de loin par la maladie.
Si la situation en Suisse est sous contrôle, il n'en va pas de même dans les pays en voie de développement, notamment sur le continent africain. On y est confronté à des problèmes d'accès aux soins, par exemple au niveau du coût des traitements, mais aussi à des problèmes médicaux de base, comme ceux liés à l'allaitement. les solutions proposées jusqu'à présent n'ont pas été très nombreuses. Retenons par exemple les projets de parrainage d'orphelinats (PVA Genève) et la proposition de baisser le coût des traitements antiviraux dans les pays du Tiers Monde par les compagnies pharmaceutiques (Glaxo-Wellcome).

[ Titre des projets 1997-1998 ]

Violence conjugale

A Genève, de nombreuses associations d'état ou privées s'intéressent à la violence conjugale. Le réseau genevois est très dense. Par contre, un problème de centralisation se pose : comment une femme battue sait-elle à qui s'adresser et quelle association répondra le mieux à ses attentes, vu la pléthore d'associations à sa disposition ? Les différents acteurs de ce réseau tentent de collaborer afin de coordonner leurs actions et de sensibiliser le grand public. Cette collaboration a donné naissance, par exemple, à un rapport mandaté par le Conseil d'Etat en 1997 contenant des propositions de nouveaux moyens de prévention et de prise en charge de la violence (arrestation systématique des hommes violents, prévention à l'école, par exemple). Par contre, beaucoup d'associations réclament une meilleure collaboration de la justice, de la police et du milieu médical.
De plus, en 1997, une campagne nationale, "halte à la violence", conduite par le Bureau de l'Egalité, a pour la première fois permis de parler de ce problème au grand jour. Publicité à la télévision, dans les journaux et distribution de prospectus dans les endroits faciles d'accès, ont permis d'informer une partie de la population qui ne concevait pas que la violence conjugale soit un problème et qu'il existait des institutions s'en occupant. En effet, après cette campagne, le nombre d'appels aux permanences téléphoniques a nettement augmenté et des personnes plus âgées ont appelé. Il est donc dommage qu'une telle initiative ne soit pas plus fréquente et qu'aucune autre prévention primaire ait lieu à Genève. Si le système genevois contient beaucoup d'institutions s'occupant des conséquences de la violence, encore trop peu essayent de s'attaquer à la source du problème. Vires, association qui s'occupe des hommes violents, est donc un atout important pour Genève.
Une lacune du système genevois est le manque de dépistage des victimes de violence au sein du milieu médical. En effet, les médecins passent souvent à côté du problème alors qu'ils sont souvent les mieux placés pour le découvrir et informer les victimes de leurs droits. Ceci est sans doute dû à leur manque de formation. En effet, lors des études de médecine et tout au long de leur carrière, la violence domestique est un sujet trop rarement abordé. Même s'ils reçoivent de la documentation envoyée par les diverses associations s'occupant de ce problème, ils ne prennent souvent pas le temps de la consulter. Un médecin sollicité par une victime se retrouve trop fréquemment démuni. La création de la CIMPV, qui est le premier service médical spécialisé dans le problème de violence, a donc permis une reconnaissance de celui-ci au sein de la communauté médicale.
Par contre, la police connaît bien le problème puisque c'est sa quatrième raison d'intervention sur le terrain. Il manque de critères d'intervention et une bonne prise en charge du problème dépend encore trop de la personne à laquelle on s'adresse.
La justice n'offre pas assez de protection aux femmes battues. En effet, la violence est traitée comme n'importe quelle plainte et il faut avoir des preuves concrètes pour qu'elle soit prise en considération. La violence psychologique est rarement accompagnée de preuves. De plus, en Suisse, il n'existe pas de base légale permettant d'établir un périmètre de sécurité autour de la victime dans lequel l'agresseur n'a pas le droit de pénétrer (système des injonctions aux USA).
Les politiciens pourraient donner les moyens pour remédier au manque de place, de personnel et de ressources financières dans les foyers d'accueil. Cela serait une étape importante dans la lutte contre la violence conjugale. En effet, ceux-ci sont toujours pleins et doivent refuser des femmes.
Le réseau genevois spécifique à la violence conjugale n'est pas parfait, mais grand nombre de personnes réfléchissent à des solutions d'amélioration du système. C'est réjouissant.